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L’ex-président Kabila : Un « militaire » au chevet d’une RDC « qui se meurt »

L'ex-président Kabila : Un "militaire" au chevet d'une RDC "qui se meurt"

L’ancien président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, est sorti de son silence hier, vendredi 23 mai 2025, dans un discours qui résonne comme un appel solennel à la nation. Alors que son immunité parlementaire vient d’être levée par le Sénat, ouvrant potentiellement la voie à des poursuites judiciaires, l’ex-chef d’État a choisi de s’adresser au peuple congolais, articulant sa vision pour un pays qu’il décrit comme « qui se meurt.

« Au cœur de son allocution, un paragraphe en particulier cristallise l’essence de son message et sa position face aux turbulences actuelles. « Militaire, j’ai juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême, » a-t-il déclaré, avant d’ajouter, « Hier au pouvoir, aujourd’hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment. En ce moment où le pays est de nouveau divisé, appelé par le destin, j’ai le devoir d’œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction de notre pays qui se meurt.

« Ce passage est hautement significatif à plusieurs égards. Premièrement, la réaffirmation de son identité de « militaire » et de son « serment » initial n’est pas anodine. Elle vise à légitimer son intervention dans le débat public non pas comme un politicien en quête de pouvoir, mais comme un patriote guidé par un devoir sacré envers la nation. Dans un contexte où son intégrité est remise en question par la levée de son immunité, cette ancre militaire sert à renforcer son image de défenseur du pays, au-delà des contingences politiques.

Deuxièmement, la phrase « Hier au pouvoir, aujourd’hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment » est une reconnaissance explicite de sa transition de la présidence à son statut actuel de sénateur à vie, désormais vulnérable aux poursuites. Loin de s’apitoyer, Kabila adopte une posture de résilience et de continuité dans son engagement. Le « plus que jamais » suggère même une intensité renouvelée de sa fidélité à ses principes, peut-être en réponse aux défis personnels et nationaux.

Le diagnostic qu’il pose sur l’état du pays est sombre : « le pays est de nouveau divisé » et « notre pays qui se meurt. » Cette description alarmiste est une critique implicite, mais tranchante, de la gouvernance actuelle. Elle positionne Kabila non pas comme un opposant stérile, mais comme un observateur préoccupé par la dégradation de la situation nationale, notamment sécuritaire et politique. Les troubles persistants dans l’Est et les tensions politiques internes confèrent une résonance particulière à cette assertion.

Enfin, l’appel à l’action est clair et sans équivoque : « appelé par le destin, j’ai le devoir d’œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction. » Le « destin » confère une dimension presque messianique à son rôle, tentant de transcender le clivage politique pour se présenter comme un recours, une figure providentielle. En insistant sur la « paix » et la « reconstruction », il touche des cordes sensibles dans une RDC déchirée par des conflits incessants et des défis de développement massifs.

En somme, ce paragraphe du discours de Joseph Kabila n’est pas qu’une simple déclaration ; c’est un manifeste politique. Il tente de redéfinir son rôle dans l’arène congolaise, passant de leader déchu et potentiellement poursuivi à celui de figure tutélaire, garante des valeurs patriotiques et artisan de la paix et de la refondation nationale. Reste à savoir comment ce message sera reçu par les différentes forces politiques et la population, dans un contexte où les enjeux sont plus que jamais élevés pour l’avenir de la République Démocratique du Congo.

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